Histoire de cheveux

 

Mes cheveux je les teint depuis l'apparition de mon premier cheveu argenté, à l'âge tout jeune de 22 ans. Je suis passé du roux, à l'auburn, au rouge, au brun et au noir. Ma couleur naturelle étant noire avec de plus en plus d'argenté au fil des années.

Je peux compter sur mes doigts le nombre de fois que je me suis assise sur la chaise d'une coiffeuse. J'ai toujours coupé, teint, traité ma chevelure, moi même. Je ne voyais pas l'intérêt de payer une personne pour faire quelque chose que j'étais très bien capable de faire moi même.

Puis, il y a quelques mois, j'ai eut envie d'un changement radicale. Un changement de couleur totalement à l'opposé. Évidemment je suis en mesure de le faire moi-même, mais cette fois je me suis décidée d'aller consulter une coiffeuse spécialiste de la couleur dont j'ai envie et surtout ma tignasse étant en très mauvais état, j'avais besoin de conseil de pros.

J'avais alors les cheveux longs, noirs et terriblement secs. La coiffeuse m'explique donc, que ce que je désire est extrêmement complexe, coûteux, et avec une finalité incertaine. Elle me propose alors, des produits réparateurs et un traitement intensif afin de réparer l'état triste de ma tignasse. Première étape, dit t'elle, après on verra si c'est possible. 

Je repare donc avec une panoplie de produits pas donnés et des instructions que j'appliquerai chez moi durant X temps.

Entre le jour un, où j'ai prit la décision de faire un changement et en allant consulter pour la cinquième fois de ma vie, une coiffeuse, il s'est passé plusieurs mois.

J'ai laissé pousser mes cheveux "au gros naturel". Ce qui au fil des mois découvrait lentement ma couleur naturelle, noir et argent. Je les ai coupé deux fois. Afin d'enlever plus rapidement la couleur noire qui refusait de décolorer, même avec le traitement recommandé de la coiffeuse.

Le printemps est arrivé et avec lui, forcément le goût d'un renouveau. Mon idée de changement drastique n'avait pas fondu avec la neige. J'en avais encore l'intention. J'ai donc reprit rendez-vous avec Mélanie, maintenant ma nouvelle coiffeuse. (c'est le première fois que je vois deux fois la même coiffeuse) Elle ne se souvenait plus de moi, se confondant en excuses tandis qu'elle cherchait vigoureusement dans sa mémoire. Au nombre de clientes qu'une coiffeuse reçoit dans son salon, n'est ce pas normal d'oublier les quelques communes qui y passent?

Alors, me voilà donc sur la chaise droite en simili cuir noir de son petit salon, à attendre que le produit qui pue, agisse et "démaquille" mes cheveux. À ce stade je prie l'univers que ce produit soit, comme le vante Mélanie, miraculeux, parce que moi, j'aime pas tellement être sur une chaise de coiffeuse. Et que je n'ai pas envie d'être obligée d'y revenir plusieurs fois, trop de fois, afin d'avoir les résultats du changement enfin terminés.

C'est que ça jase beaucoup une coiffeuse. C'est dont bien curieuse et fouineuse une coiffeuse. Ça en pose des questions, une coiffeuse. Pis elles ont une opinion sur tout. Elles connaissent beaucoup de monde, gardent leur secret sûrement. Parce que pour certaines personnes, la coiffeuse est une personne à qui on dévoile des secrets. À qui on s'ouvre. À qui on se confit. J'imagine que c'est la proximité qui donne envie de s'ouvrir à la fille qui joue dans nos cheveux. Je crois, que le fait de se faire "jouer" dans les cheveux et le moment qu'on arrête le quotidien et qu'on le partage avec une personne qui prends soin de nous, pendant un moment, créer chez plusieurs, un moment intime où on se livre. Surtout qu'on ressort de son salon avec plus d'assurance, d'élégance, de confiance, de beauté. Changer de tête reste un acte qui boost l'estime de soi.

Je comprends que pour ces femmes, le côté social de cet abandon avec la coiffeuse est important. Je saisi l'importance qu'a la coiffeuse d'être locace et intéressée, même si elle le feigne sans doute, parfois.

Mais, il n'en reste pas moins que nous ne sommes pas toutes à l'aise avec l'invasion de mots et de questionnement qui vient avec la coiffeuse. Même si elle est complètement dans ma bulle, qu'elle m'offre de superbes sensations en jouant dans ma chevelure, qu'elle prend soin de moi et me demande sans arrêt : es tu bien? C'est trop chaud? Tu veux que je mette l'air climatisé? Le chauffage? Tout va bien? ... Il n'en reste pas moins, que moi, ça fini par m'énerver. 

C'est au second rendez-vous chez Mélanie, assise sur sa chaise inconfortable en attendant l'interminable heure d'attente, qui en deviendront deux, que j'ai saisi mon cellulaire et écris le constat que tu lis. Je n'aime pas aller chez la coiffeuse parce qu'elles sont trop locaces. Ça me prends du temps d'analyse avant de m'ouvrir. Je parle plus de moi, dans mes articles qu'en personne. ( Fait, que mon Amoureux m'a fait réaliser) Et je me sens prisonnière sur une chaise, enveloppée d'une cape noire en tissus glissant, à me faire bombarder de mots sans arrêt, suivit de questions, auxquelles je n'ai pas envie de répondre devant le miroir qui me renvoie mon propre visage. Mon âge, mon état civile, le nombre de mes enfants, leur âge, mon emploi, d'où je viens ... Tout ça, ça m'appartient. Et je garde jalousement mon univers. Je le dévoile quand ça ME tente, avec qui j'en ai envie. Étant une auteur dans l'âme, c'est dans mes articles que je m'expose le plus.

S'il existait des coiffeuses muettes, j'y serais à toutes les semaines, assise sur leur chaise inconfortable à me laisser caresser les cheveux en silence, dans le ici et maintenant. Même qu'il y a de fortes chances pour que j'achète tous mes produits de son salon. 

Or, comme j'ai entrepris un changement important, et que cette fois, je passe par une professionnelle du cheveu, qui en plus est spécialisée dans la nouvelle couleur que je désire, je dois accepter l'expérience du monde des coiffeuses: le bla bla.

J'ai choisis Mélanie, parce qu'elle est spécialisée dans la couleur que je veux. Qu'elle vit à quelques rues de chez moi, et que son salon est dans son sous sol. Ce qui veut dire, que je n'ai pas à endurer le bavardage inutile d'autres coiffeuses et les autres clientes assisent sur des chaises en cuirette. Parce que je suis seule avec Mélanie et parfois seule avec moi même, tandis que le produit fait son travail. 

Elle me lance durant la conversation : Tout cas, ça se voit que tu es scociable toi. C'est l'fun." Ce qui me prouve encore une fois, que pour être une experte en conversation sociale, il s'agit d'être à l'écoute activement. C'est elle qui se livre, qui parle de son fils de 6 ans, de ses chats, de sa réalité de monoparentale, de son ex, de ses projets, de ses chats, son âge, sa voiture neuve, d'où elle vient, son papa, ses chats.... C'est une amoureuse de ses chats.

Quand on n'aime pas discuter de soi, on écoute l'autre. Et je suis experte dans l'art de converser. Je maîtrise parfaitement l'écoute active. Fait que, je peux m'asseoir sur sa chaise et ne pas me dévoiler. Du moins très peu. Brièvement, juste assez pour répondre à ses nombreuses questions. Je le sais qu'elle essaie de me rendre à l'aise en étant une coiffeuse qui s'intéresse à la vie de ses clientes. Je comprends parfaitement. C'est louable et ce qu'il faut faire, je crois, dans ce genre d'emploi. Sauf que moi, ça a l'effet de me sentir attaquée. On force l'entrée de mon jardin et je me braque pour le protéger. Je ressors de son salon en sachant sa vie, mais j'aurai filtré ce que j'aurai confié. C'est un art que je maîtrise bien. 

J'en reviens à la coiffeuse silencieuse... En écoutant Mélanie parler, j'ai compris que les coiffeuses ne sont pas à l'aise dans le silence. Et même en général, bien peu de personnes aiment être en silence. Ça implique énormément. Le silence ça dérange. Mon Amoureux, dit toujours que si on est capable d'être à l'aise avec une personne dans le silence, c'est qu'on est bien avec cette personne. Non seulement il a raison, mais c'est aussi vrai avec soi même.

Le silence est révélateur. D'abord il nous met face à notre Soi intérieur. Et puis, il permet à l'autre de nous entendre d'avantage qu'avec les mots. Je comprends très bien que les coiffeuses ont un besoin intense de meubler le silence. Ça dérange moins, ça camoufle, pis ça permet à tout le monde (normal) d'être à l'aise.

Premier constat de ma première étape du changement amorcé : Un, je dois me faire violence et accepter le bla bla inutile. Deux, je dois me préparer mentalement à accueuillir l'expérience dans sa globalité, et que ma vie n'est pas en danger. Trois, je n'aime pas aller chez la coiffeuse. 

Cela dit, j'irai jusqu'au bout du processus. Je m'y suis engagée.

La prochaine expérience que je tente, c'est la massothérapie.... Moi qui n'aime pas tellement être touchée... Ça risque d'être intéressant. 

#rechercheliberte



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