S'écouter
Il annonçait beau, chaud, plein soleil! Le premier 30 degrés de l'année. Je travaille tôt ce matin, j'ai donc l'occasion de me balader à moto, car si je commence tôt, je termine tôt.
La veille, je dis à mon homme: Demain je vais travailler avec Red Cherry." Ce à quoi il me répond : Arrête de le dire pis fais le. Je vais te croire quand tu le feras." Tu as compris que ça fait plusieurs fois que je le dis et qu'au final je monte dans l'auto.
Ce matin le cadran joue sa douce mélodie et me tire des bras de Morphée. J'étais siiiii bien dans mon sommeil. Il est rare. Je suis plutôt du type insomniaque, et comme la plupart des nuits, la nuit dernière n'a pas fait exception, j'étais réveillée à deux heures. Quand finalement vers quatre heures trente j'ai trouvé Morphée! Mon cadran chante à cinq heures.
Je mets d'abord un rappel. Au diable la moto ce matin, trop fatiguée. Deux minutes plus tard, je m'encourage à me lever. "Aller! Vas y! Depuis le temps que t'en parle. C'est la première journée idéale! Go!!" Ma petite voix gagne sur ma procrastination. Je me prépare.
Alors que le soleil montre à peine ses premiers rayons, ma Red Cherry ronronne dans le silence matinal. Quelques coups de poignée à gaz plus tard me voilà sur la route. À peine arrivée sur la route 138, que je me dis que je dois rebrousser chemin. Je sens déjà la froidure des petits matins de mai sur mes mains et mes cuisses. C'est alors que ma petite voix me lance: " Tu es en vie! Tu le ressens. Vie le moment présent!" C'est quelle est sage cette petite voix!
Quel délice de me faire confiance sur ma sublime Red Cherry, juste nous deux, parmi les odeurs et le ciel qui se teinte de doux rose-orange-bleu-poudre. Personne ne me presse d'accélèrer, le vent n'est pas violent. Le froid est juste assez mordant pour que je me sente vivante. Ce matin, le sourire sous mon casque j'écoutais le ronronnement de ma monture de fer et j'étais bien. Ici et maintenant.
Quand la journée fut terminée, mille possibilités s'offraient à moi! J'ai roulé jusqu'à la station service. J'ai fait le plein. Et à partir de là, j'ai décidé de prendre une route remplie de courbes pour me dépasser, pour gagner en confiance, pour être fière! J'ai branché mon gps à mon système de communication intra casque, et je suis partie.
Ça sentait le lilas, le foin, la bouse de cheval, la terre fraîchement retournée, les conifères, les champignons, le soleil, la joie ... Dire combien j'étais bien! Seule avec mes pensées. Allant à ma vitesse pour apprivoiser les courbes qui me font de moins en moins peur...
J'ai pu pratiquer mes réflexes croisant d'énormes tracteurs qui prennent les deux voie de la route entière. Les cyclistes imprévisibles qui évitent un nid de poule. J'ai pu me rendre compte combien j'étais à l'aise maintenant avec l'embrayage et le désembrayage de ma machine.
Si ce matin j'ai hésité à l'enfourcher, cet après midi je me suis senti Libre et surtout j'ai boosté ma confiance!
Parfois il faut écouter la petite voix qui murmure. Parce qu'au fond on est en vie maintenant et qu'il faut en profiter avant que la maladie, la vieillesse ou la mort arrive. Pis ça, ça se fait sans pression, à son rythme, dans le moment présent. Et surtout en évitant la charge de la performance, parce que des fois c'est juste pas pour nous. Mais on aura essayé ce que la petite voix murmure.
Fait que prends plaisir dans chaque ici et maintenant! Pis by the way en fin de semaine je me procure des gants
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