Tonte de la pelouse

 La tonte de pelouse

Quand j'étais une ado, c'était une des foutue corvée que je devais faire. Pour me garder, sûrement dans le bon chemin, du moins le temps que je passe l'esti de tondeuse!

Je haïssais de tous mes atomes cette corvée! Remplie d'allergie, bourrée d'asthme, ça me prenait une journée entière à venir à bout de tout le criss de gazon sur le terrain, qui évidemment n'était pas plat voyons!

Une vieille tondeuse à essence, qui demandait énormément de force, surtout des abdos! Pis des mouchoirs! Et ma pompe d'asthme. Comme j'ai hais le monde, mes parents, Dieu, l'univers, la couleuvre, les sauterelles, les crapauds... Pis chaque brin d'herbe qui poussait à une vitesse qui me faisait chier!  Bin trop vite!

C'était une punition. MA punition d'être une rebelle, d'être une anarchiste, de pas vouloir suivre les règles. MA punition pour les nombreux appels de l'école qui disait que j'étais si... Où ça... Trop... Pas assez... MA punition pour répondre à mes parents ou désobéir à leur règles que je jugeais stupides.

Mes parents, me faisaient faire des besognes sur le terrain, pour avoir le "contrôle" de "l'enfant" qui dérange. Corder du bois, beaucoup de cordes! Pelleter le poulailler, de poules et de dindes!  Planter des sapins, nourir les chèvres, au biberons... J'avoue qu'il y avait des corvées plus amusantes que d'autres. Bref, c'est de la corvée de tonte de gazon que j'ai envie de partager ce soir avec toi.

Durant ma vie d'adulte je n'ai plus touché à une calice de tondeuse pendant très très très longtemps. Je laissais cette besogne qui me rappelais mon calvaire d'ado punie, à mon chum.

Quand on est devenu propriétaire de notre maison, le terrain étant grand, mon chum a acheté un tracteur. Il a fallut d'une seule fois à "l'essayer" que mon corps a prit peur. Pas question que je tonde la pelouse! Ni en tracteur, ni avec une tondeuse... Ni même avec des estis de ciseaux. Jamais je ne referais la pelouse de toute ma vie!

Ma fille ado, trippant sur le tracteur s'en donnait à coeur joie. Mon homme, lui, n'ayant pas le choix, faisait cette besogne : parce que!

Puis un jour les ados deviennent des adultes, et que "c'est pas mon terrain" devient la norme, c'est la tâche de l'homme de la maison que ça revient. Tsé, c'est une suite logique.

Un jour, je me rapelle plus quand, l'homme était en piteux état. Pis du gazon ça s'en sacre bien que tu feel ou pas, ça pousse!

Je me souviens d'avoir tondu le gazon entièrement, un peu plus d'une heure, avec la même haine que jadis... Je l'ai refait, une fois, deux fois, trois fois avec la même rage au coeur jusqu'à un jour.

Ce jour là j'ai partie la vieille tondeuse à essence, pis j'ai commencé à la pousser. Par petit carrés de terrain je coupais l'herbe, et je passais à un autre petit carré de terrain. Mais cette fois, j'étais en gratitude. Parce que là où je vis, là où est notre maison familiale, il y a un grand terrain. Un Poirier, deux lilas, un pommier décoratif, un amélanchier, et de la place pour courir, jouer, avoir une balançoire, une piscine, un jardin, deux foyers pis encore de la place, beaucoup de verdure.

Ce jour là j'ai choisis de changer ma haine de cette corvée par l'immense gratitude d'avoir une court verte et grande! D'avoir de l'espace. De la vie! Un bout de nature!

Je ne fais plus d'allergie quand je passe la tondeuse, je n'ai plus d'asthme non plus. Et ça me prend maintenant 50 minutes pour tondre tout mon gazon à la tondeuse à gaz. Et aujourd'hui, chaque fois QUE JE CHOISIS de tondre la pelouse, je suis dans la gratitude. Musique, et connexion à la nature.

Je ne suis pas encore guérie de cette haine, j'y travaille encore, malgré toutes ces années. Si mon homme me dit: " Tu dois passer la tondeuse" je deviens en criss!!!!! Jamais plus personne ne peux m'y obliger, mais j'en fais de plus en plus le choix librement. Parce que je suis à la recherche de liberté. Pis ça en fait partie.

À mes parents: vous m'avez permis de connaître ma force et ma ténacité à travers cette besogne difficile pour moi. Vous m'avez enseigné de finir quelque chose, même si c'est déplaisant. Vous m'avez inculqué la discipline.

Merci pour cette prise de conscience et ce changement d'énergie!

Univers, encore plus d'évolution!