Ça se transforme

 






Quand on a emménagé dans notre maison, on s'était procuré des perruches. Une grosse cage avec des oiseaux qui avaient fait des bébés.


Ça permettait aux enfants de découvrir un petit univers d'êtres à plumes. Et à moi, de passer mon temps à laver les murs et ramasser des plumes partout. C'est que, pour plus de vrais contacts, on essayait de les aprivoiser, tsé qu'ils se posent sur les épaules, qu'ils répètent quelques mots, bref, qu'ils deviennent des amis des enfants.

Ma fille avait à l'époque, une perruche bleu mâle. Elle avait un petit croche pour cet oiseau. Mais les autres dans la cage, n'étaient pas du même avis. Il se faisait pousser, picosser, je crois même qu'il se faisait insulter. Du moins, si j'ai bien traduit leur sifflement.

Les lois de la nature, on dit!

Comme de fait, un jour qu'on était parti faire des commissions, le pauvre oiseau bleu rejeté, s'était fracassé contre la fenêtre. Un ultime espoir, je suppose, pour échapper au harcèlement des autres oiseaux.

À notre retour, évidemment on a constaté sa mort. D'un commun accord nous sommes ressorti pour adopter une autre perruche bleu mâle. C'est que parfois, on n'a pas envie de voir la tristesse dans les yeux de son enfant...

C'est là, ce jour précis, qu'est entré dans nos vies, Harley. À l'époque on ne le savait pas encore, mais ça allait être mon chien.

Une toute petite boule de poil blanche sautillait derrière moi. Il tournait joyeux autour de nous, alors que nous cherchions un remplaçant à plumes bleus.

Un tout petit chiot qui n'était pas plus grand que la main de mon amoureux. Un petit nuage si doux et plein de joie.

À l'époque, on n'avait pas beaucoup d'argent. On vivait serré, à calculer l'épicerie et faire des choix, mais nous étions heureux! Un petit chiot ça coûte cher... C'est loin du 25 piastres de l'oiseau tsé.

On n'a pas prit l'oiseau. On est sorti. Déboussolés. Amoureux aussi. On a fait un petit bout de route en discutant des bons et mauvais côtés de repartir avec le chiot. Pis on en est venu au deal que je n'aurais pas de cadeau de Noël, ni d'anniversaire, ni de toutes autres fêtes de l'année. Ça m'allais. On se priverait ailleurs, mais on imaginait la joie que ça allait apporter aux enfants.

C'est ainsi, qu'on est retourné chercher le petit être tout blanc juste avant qu'un autre couple dise qu'il le prennait. Il m'était destiné.

Je l'ai dis souvent, c'est lui qui m'a choisi.

Les enfants ont grandit, ont quitté le nid. Et 17 ans ont passés.

La vie passe, on vieillit, on faiblit, lentement on se dirige vers un autre voyage.

Durant ces années, il a fait parti de notre tribu. Il est venu en camping, il a fait du bateau, il a jappé à écœuré les voisins!

Il m'a été fidèle. Il était toujours là prêt de moi. Il dégageait un telle chaleur! On ne comprenait pas d'où ça venait, c'était un tout petit bichon. Comme je l'ai aimé! Et il me le rendait bien. Même s'il pissait sur le tapis souvent...

Un jour, j'ai dit à mon amoureux qu'il fallait songer à le faire euthanasier. On ne voulait pas prendre cette décision. Tsé, Harley, il faisait parti de la tribu depuis si longtemps.

Il a viellit. Perdu l'ouïe. Ne voyait presque plus. Pour me trouver il se servait de son odorat. Il me cherchait davantage chaque jour. Comme pour se sécurisé. Il devait savoir qu'il vieillissait...

J'ai pris rendez vous. J'ai pas pleuré. J'étais prête. Mais chaque soir je lui disait de s'envoler. Chaque matin je retenais mon souffle, jusqu'à lui prenne une respiration. Il n'a pas suivit la lumière...

Le jour du rendez vous. J'étais en paix. Du moins je le croyais. Harley l'était davantage que moi. Il était calme, très affectueux. Il m'a même remercier. Ça ça été dure et en même temps apaisant.

C'est quand j'ai traversé la porte que mon monde s'est arrêté. Je n'ai pas été capable de dire un seul mot. J'ai éclaté en sanglot énorme! Avec du mal à reprendre mon souffle...

Je garde cet instant pour moi. J'en ai parlé une fois. Je n'en reparlerai plus jamais. Et quand la vie a quittée son petit corps vieux et malade, je suis rentré chez nous. J'ai creusé un trou, déposé son corps, et remit la terre.

C'était fini. C'est fini. 17 ans. La vie c'est ça. On vit, on vieillit pis on meurt. Le plus dure, c'est pour ceux qui restent. Parce que le corps humain n'est pas fait pour vivre une telle émotion. Alors, il pleur. Il souffre de la perte. Il est douloureux aussi. Mais c'est une expérience totalement humaine. Pourquoi? Je l'ignore. C'est ainsi. Je ne cherche pas de raison, parce que "c'est. "

Tour fini par se transformer. Rien n'est éternellement pareil. Pis c'est comme ça.

Le constat que j'en ai fait de cette expérience douloureuse, c'est que je ne sais pas qui être si je ne m'occupe pas de quelqu'un. Ouin, c'est étrange, je te l'accorde, mais c'est une part de moi.

J'ai eut mes enfants, dont je me suis dévouée entièrement, jusqu'à ce qu'ils quittent le nid, et encore!!

Ensuite il me restait Harley, dont je me suis occupé entièrement. Et puis, il ne resta que mon amoureux et moi. Et il n'a pas besoin que je m'occupe de lui...

Alors, parfois, je vais chercher le chien de ma fille pour la journée. Tsé, ça me mets à l'aise.

Je travaille en santé, avec des personnes âgées. J'en prends soin. Je leur tiens la main. Je leur caresse le bras. Je leur chante des chansons ou bien je reste là, en silence, à leur côté jusqu'à ce que leur anxiété disparaisse.

Je n'ai pas peur de la mort. Je la trouve belle... Libératrice. Le difficile, c'est pour ceux qui restent. Ceux qui souffrent de la perte. Ceux qui cherchent une raison ou un coupable...

Tantôt elle est attendue, tantôt elle est injuste. Trop tôt. Acharné. On a tous à y faire face. Tous on y passera. Tous on fera pleurer ceux qui restent derrière.

Je ne veux pas me rappeler du jour où ceux que j'aime s'envolent, mais toujours me rappeler de ces jours remplient de joie de leur présence.

Je sais aujourd'hui, que je suis douée pour m'occuper d'autrui. Qu'il soit poilu, plumé, écailleux vieux ou jeune...

Je vais pleuré encore quelques jours la perte de mon chien. Et le temps estompera cette douleur... Parce que tsé, la vraie magie de ce monde, Bin c'est le temps.

Pis j'aurai assez de temps d'ici là pour mettre dans l'esprit de mon amoureux, d'adopter un autre petit chiot...

La vie elle est, elle passe, puis elle se transforme. Profites en!



En mémoire de mon chien adoré Harley. 

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