jour 1




J'étais un brin stressée à l'approche de cette journée J. Mes nuits agitées par une foule de questionnement, d'hypothèses plausibles ou non. Mais je me répétais que tout allait bien, ma vie n'est pas en danger, alors il me suffisais de prendre le tout comme ça viendrait. Le saut je l'ai fait, il me reste à apprendre à voler. Et ça, on le fait durant la chute. 

Je l'ai entendu souvent pendant les dernières semaines, les phrases du type: ''Ça toujours été mon rêve... J'ai un grand coeur... J'ai tellement voulu être là et aider... Moi, je veux aider mon prochain, enfin j'en ai la chance... '' Il y a celles aussi qui ont été des aidantes naturelles, celles qui ont accompagné jusqu'au denier souffle, un être cher. Il y en a aussi, qui l'ont avoué, être là que pour une année, que pour le temps de crise. Je les écoute, je les observe, je les analyse et parfois oui, je les juge. Tsé je suis humaine! Et dans tout ça peu importe leur raison, leur vérité ou leur sournoiserie, elles sont là dans ce combat, Elles apprendront à voler, elles se transformeront surement, ou bien elles s'écraseront au sol. Chose certes, elles auront répondu à un appel.

Un appel, que moi, je n'ai pas eut d'emblée. Moi, ça n'a jamais été mon rêve, je n'ai jamais voulu devenir PAB, (préposée aux bénéficiaires) Je ne me considère pas comme ayant un si grand cœur que ça. Pis honnêtement je ne sais même pas si c'est ma place. Tsé, peut être que je serai pas assez, ou trop! Peut être que je vais manquer de quelque chose. Et si c'était beaucoup trop physique pour ma capacité? Et si c'était si difficile que ça m'affecte l'esprit? Et si le milieu était trop demandant que j'en perde ma stabilité mentale? Parce que ça se peut! J'ai beau me connaitre, il existe toujours en soi-même une part qui nous échappe.

La raison d'être là, est purement humaine. Peut être j'oserai dire, égoïste. Ces humains qui sont dans ces centres, sont d'abord  des humains! S'ils sont là, ce n'est pas parce que la société ne les veut plus, c'est parce que physiquement et/ou cognitivement ils sont tellement usés, que ça leur prend de l'aide. J'ai vu aujourd'hui, exactement ce que je voulais voir: La vie dans l’œil de l'humain usé devant moi. Ça n'arrive pas qu'aux autres, ça arrive à une maman, un papa, un fille ou un fils! Ça arrive à l'amoureux... Pis un jour ce sera peut être moi qui aurai usé mon corps ou ma tête au point d'avoir besoin de plus jeune que moi pour m'aider à vivre dignement, à rire encore, à être nourrit! Ce n'est pas parce que ma voix se sera éteinte, que je ne vous parlerai pas dans ma tête. Ce n'est pas parce que mes mains souffriront d’arthrite à me paralyser, que je n'aurai pas envie de rire. Peut être que j'aurai envie de raconter mon histoire. Ces humains, ce sont des êtres vivants. Si je suis capable de hurler à ma fille qu'elle vienne sauver l'araignée qui me fait peur, si je suis incapable de jeter une plante et s'excuse même de la tailler, quel genre d'humain serais-je de ne pas essayer de changer ce milieu?

Je n'ai rien d'une guerrière prête à me battre au front. Je ne suis pas revendicatrice. Je ne ferai pas de manifestations pour pousser le changement. Je crois seulement que chaque personne peut colorer le monde de sa couleur. Je crois que le changement commence par soi. Voila, ma raison à moi. Devenir le changement que je veux voir dans le monde. Pour que ces humains qui vivent de plus en plus vieux, puissent être heureux et bien jusqu'à leur dernier souffle. Pis que si moi plus tard, je dois me retrouver là, je saurai que je ne vais pas être morte vivante, oubliée, délaissée, triste, inutile... j'aurai au moins essayé de faire un changement positif.

Ce premier jour sortie des bouquins théoriques, j'ai été reçu avec bienveillance. Un premier jour où  chacun s'analyse, se jauge, s'apprivoise. Un premier jour, qui invite à un second. J'apprends à voler, un jour à la fois.

Sois envers l'autre comme tu veux que l'autre soit envers toi.


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